Depuis le début de la Transition au Gabon, les militaires occupent des postes de hautes responsabilités administratives, justifiés par la volonté de redresser le pays et restaurer ses institutions. Cependant, le professeur Albert Ondo Ossa, figure politique de l’opposition et principal challenger d’Ali Bongo lors de la présidentielle de 2023, critique cette situation, qu’il juge de plus en plus difficile à accepter. Il estime que les militaires se sont éloignés de leur mission initiale.
Lors d’une intervention le 7 octobre sur Gabon Média Time, Ondo Ossa a exprimé son mécontentement, dénonçant une dérive : « Ils ont fait des déclarations de départ. Un an après, il n’y a pas un militaire bien formé dans le CTRI qui peut dire que ce n’est pas la voie que nous avons choisie ? », s’est-il interrogé. Ironique, il ajoute : « Subitement, et ça n’existe dans aucun pays, les militaires sont devenus compétents en tout », critiquant le fait qu’ils occupent des postes qui, selon lui, nécessitent des compétences civiles spécifiques, comme ceux d’ingénieurs ou d’architectes.
Ondo Ossa déplore cette omniprésence des militaires, soulignant que leur champ de compétence se limite à la stratégie militaire, domaine dans lequel ils sont formés. Il appelle à un rééquilibrage des forces, dénonçant une forme d’accaparement du pouvoir par l’armée. « Ma position dès le départ est claire : ni allégeance ni défiance », a-t-il affirmé.
Un appel au dialogue avec Oligui Nguema
Albert Ondo Ossa lance également un appel à un dialogue direct entre lui et le général Oligui Nguema, président de la Transition. Selon lui, un véritable dialogue entre les acteurs clés du coup d’État, à savoir Oligui Nguema et lui-même, est nécessaire pour sortir le pays de l’impasse. « J’ai gagné les élections. J’ai les résultats. Toutes les représentations diplomatiques les connaissent. J’ai donc la légitimité populaire », a-t-il insisté.
Ondo Ossa estime également que le Dialogue national inclusif (DNI) d’avril dernier n’a été qu’un monologue et appelle à une transition qui intègre toutes les forces en présence. Alors que le référendum constitutionnel approche, il plaide pour le retour à la Constitution de 1991, qu’il considère comme un texte consensuel et respectueux de l’ordre républicain. Selon lui, « le problème ce n’est pas la Constitution, mais le non-respect des textes ».
Le rétablissement de l’ordre républicain
Le professeur appelle le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) à mettre fin à cette période de transition pour que le pays retrouve un fonctionnement normal. « L’ordre républicain doit prévaloir », a-t-il déclaré, avertissant que le maintien des militaires au pouvoir est une situation fragile, comparant cela à une « bulle » prête à éclater. Il critique également le manque de cohérence entre les déclarations initiales des militaires et la situation actuelle.
S’interrogeant sur l’absence d’un militaire capable de raisonner Oligui Nguema, Ondo Ossa estime que le président de la Transition n’a pas de véritable soutien populaire. Pour lui, l’intérêt pour Oligui Nguema est motivé par des individus cherchant des avantages personnels, notamment à travers des nominations. « Le seul jugement possible, c’est une élection. C’est là qu’on saura qui est partisan de qui », a-t-il conclu.
Ce discours d’Albert Ondo Ossa reflète son appel constant à un retour à l’ordre républicain, où le respect des textes et des institutions civiles serait rétabli, mettant fin à ce qu’il considère comme une prise de pouvoir excessive par les militaires.