Au Burundi, l’arrestation insolite de Patrick Icoyitungiye, Conseiller en charge des Affaires administratives et sociales de la commune Rugombo, fait grand bruit. Le lundi 30 septembre 2024, il a été interpellé pour avoir célébré un mariage civil atypique, où le marié portait un kimono de karatéka. Cette cérémonie, qui s’est déroulée dans une salle de réception à Cibitoke, dans le nord-ouest du pays, a rapidement enflammé les réseaux sociaux, suscitant une vive polémique.
Le mariage en question, qui aurait pu passer inaperçu, a attiré l’attention après la publication d’une photo sur le réseau social X (anciennement Twitter). L’image montre un homme vêtu d’un kimono blanc avec ceinture noire, posant aux côtés de sa fiancée en robe blanche traditionnelle, pendant que Patrick Icoyitungiye officie la cérémonie.
Une arrestation suite à une vague d’indignation
L’apparence inhabituelle du marié n’a pas été du goût de certains responsables politiques. Jean-Claude Ndenzako Karerwa, chef du Bureau chargé des affaires politiques et sociales à la présidence burundaise, a vivement critiqué la tenue du marié, estimant qu’elle porte atteinte à l’identité culturelle burundaise. Dans une publication, il n’a pas caché son indignation : « Pour moi, ils ont mal agi ! Comment préserver notre identité culturelle si l’on cautionne de tels choix vestimentaires inappropriés ? »
Deux jours après cet incident, Patrick Icoyitungiye a été arrêté et placé en détention dans un commissariat à Cibitoke. Selon une source judiciaire, « l’ordre d’arrestation est venu d’en haut ». Depuis, l’affaire prend une tournure embarrassante pour la police, qui n’a pas encore trouvé de motif d’inculpation. En effet, le code civil burundais ne prévoit aucune réglementation spécifique concernant la tenue des mariés lors d’un mariage civil, ni sur le lieu de la célébration.
Des précédents sans répercussions
Ce cas rappelle une situation similaire au Gabon. En août dernier, Franck Flavien Rébéla, 4e Délégué spécial de la commune de Port-Gentil, avait célébré un mariage tout aussi inhabituel. Le marié, un adepte du rite Bwiti, s’était présenté en tenue traditionnelle d’initié. Contrairement à son homologue burundais, Rébéla n’a fait face à aucune réprimande, bien que les images de l’événement aient également circulé sur les réseaux sociaux.
En effet, comme au Burundi, le code civil gabonais n’impose aucune règle vestimentaire stricte pour les mariages civils. Il stipule simplement que les officiers d’état civil doivent célébrer les mariages, sans mentionner de détails concernant l’apparence des mariés ou l’endroit où se déroule la cérémonie.
Une situation qui soulève des questions
Cette affaire met en lumière le débat sur la conformité vestimentaire et les traditions dans les cérémonies officielles. Alors que la société évolue et que les mariages civils se diversifient, le cas du Burundi pose la question de la flexibilité des institutions face aux choix individuels. La situation de Patrick Icoyitungiye, toujours incarcéré sans motif juridique clair, reflète une tension entre modernité et respect des valeurs culturelles dans ce pays d’Afrique centrale.
Le débat est désormais ouvert sur la nécessité ou non d’encadrer plus strictement ces pratiques, ou au contraire de laisser plus de liberté aux citoyens dans l’expression de leur identité lors des mariages civils.
Via, gabonactu