Pascaline Bongo, figure de proue du clan Bongo, est désormais sous le feu des projecteurs dans une affaire qui cristallise les tensions entre le pouvoir gabonais et les intérêts privés de la famille. Face à la sommation de la Task-force gabonaise, exigeant la cession des 9,91% de parts détenues par Delta Synergie dans la holding BGFI Bank, Pascaline Bongo a opté pour une stratégie de temporisation.
Selon une correspondance adressée via son avocat, Alain Fénéon, Pascaline Bongo a sollicité un report sine die de l’échéance fixée par les autorités. Dans sa demande, elle justifie ce délai par la nécessité de réunir les actionnaires de Delta Synergie pour voter une réponse en assemblée générale. Une décision qui reflète l’importance stratégique de ces parts, sachant que les dividendes versés par BGFI Bank représentent un tiers des revenus de Delta Synergie.
L’État gabonais, par le biais de la Task-force dirigée par Pierre Duro, s’est engagé à effacer les dettes fiscales et douanières de la Société gabonaise de services (SGS) en cas d’accord. Cependant, en l’absence de réponse favorable, les autorités poursuivront l’audit des actifs de Delta Synergie, une procédure qui pourrait menacer l’existence même de la société.
Le recours au report témoigne également de l’échec des manœuvres de Pascaline Bongo pour contrer les pressions du régime militaire en place. D’après Africa Intelligence, elle aurait sollicité des médiations, notamment de la part du Congo-Brazzaville, pour convaincre Libreville d’abandonner la procédure d’audit. Ces tentatives n’ont, pour l’heure, pas porté leurs fruits, mettant Pascaline Bongo dans une position délicate.
Pascaline Bongo est désormais face à un choix difficile : céder aux exigences de l’État, au risque de perdre le contrôle de l’un des principaux leviers financiers du clan, ou maintenir une position de résistance qui pourrait entraîner la perte totale des actifs de Delta Synergie. Cette affaire, au-delà de son enjeu financier, symbolise une lutte d’influence entre l’ancien régime et les nouvelles autorités gabonaises, déterminées à remettre en question les acquis économiques et politiques des décennies passées.
Alors que la Task-force poursuit son travail d’audit, les prochains jours seront cruciaux pour déterminer l’avenir de Delta Synergie et, plus largement, celui des intérêts privés du clan Bongo face à la montée en puissance des militaires au pouvoir.