Libreville, ce lieu où l’étrange semble s’invité à chaque coin de rue, a une fois de plus fait parler d’elle le 11 décembre dernier. Cette fois, c’est au rond-point de Nzeng-Ayong que les habitants ont assisté à une scène invraisemblable : la décapitation de la sculpture emblématique de la République, la « Maternité allaitante », par un individu au comportement pour le moins déconcertant.
C’est un homme, vêtu d’une djellaba, qui a perpétré cet acte. Armé d’un marteau, il s’est attaqué à la tête de la sculpture, symbole de bienveillance et de protection maternelle, jusqu’à la faire rouler au sol sous les regards médusés des passants. Si cette destruction pouvait déjà être perçue comme une atteinte grave à un patrimoine culturel, l’individu n’en est pas resté là : il a ensuite uriné sur les restes de l’œuvre, prétextant un acte de « purification divine » tout en délivrant un discours incohérent sur un « diabolisme ambiant ».
Malgré la gravité de l’incident et sa captation en direct par plusieurs téléphones, les forces de l’ordre, habituellement présentes aux abords du rond-point, n’ont pas réagi. Pourquoi un tel immobilisme ? Entre hypothèses légères – les policiers auraient-ils été absorbés par leurs écrans ? – et critiques plus sérieuses sur l’état de la sécurité publique, une chose est sûre : cet événement illustre une fois de plus le laxisme des autorités face à des actes de vandalisme flagrants.
Au-delà de l’indignation suscitée par cet incident, les interrogations se multiplient. La population attend des mesures concrètes pour réguler les comportements déviants dans les rues, qu’ils soient le fait de prédicateurs autoproclamés ou de malades mentaux laissés à l’abandon. La prolifération des « églises de réveil » et l’absence de structures d’accueil pour les plus vulnérables sont pointées du doigt. Le symbole décapité de la « Maternité allaitante » ne serait-il pas le reflet d’une société qui peine à protéger ses citoyens les plus fragiles ?
La tête de la « Maternité allaitante » devra être replacée. Mais au-delà de cette réparation matérielle, c’est une réflexion plus profonde qui s’impose. Comment restaurer la confiance dans les institutions quand les symboles mêmes de leur bienveillance sont attaqués sans conséquences ?
Dans une Libreville où chaque jour réserve son lot de surprises, cet incident rappelle que l’imprévisible est devenu la norme. Mais dans une société où l’indifférence semble triompher, il est urgent que les autorités reprennent la scène en main, pour que le théâtre de l’absurde ne devienne pas une triste réalité permanente.