Le 1er janvier 2025 restera gravé dans les mémoires des assurés de la CNAMGS. Non pas pour des bonnes résolutions, mais à cause d’un événement d’une gravité exceptionnelle : les pharmacies du pays ont suspendu la délivrance de médicaments pris en charge par l’assurance maladie nationale. Cette décision, fruit d’un ras-le-bol face à des impayés récurrents, a laissé des milliers de Gabonais sans accès à leurs traitements vitaux. Certains qualifient déjà cet épisode comme « la faillite silencieuse d’un système promis au succès ».
Créée pour garantir un accès universel aux soins, la CNAMGS était autrefois présentée comme un exemple innovant en Afrique centrale. Mais aujourd’hui, l’institution s’écroule sous le poids de dettes abyssales. Les pharmacies, principales victimes de ces défaillances, se disent à bout. « Nous ne pouvons plus avancer. La CNAMGS promet beaucoup, mais ne paye jamais à temps », déplore un pharmacien. Cette situation révèle une gestion chaotique et met en péril tout le système de santé.
Alors que les Gabonais affluent dans les pharmacies pour obtenir leurs traitements, ils se heurtent à des portes closes. Malgré l’ampleur de la crise, les autorités restent muettes. « Le gouvernement préfère sans doute espérer que nous nous épuiserons avant eux », ironise un membre de l’Association des pharmaciens. Ce silence traduit un échec patent des politiques publiques en matière de santé. Il met aussi en lumière l’incapacité de l’État à maintenir l’un de ses piliers fondamentaux.
La suspension de la délivrance des médicaments n’est pas un simple geste symbolique. Elle touche directement les plus vulnérables : retraités, chômeurs, étudiants. Ces groupes, qui dépendent entièrement de la CNAMGS pour leurs soins, se retrouvent abandonnés sans même une mesure de service minimum pour pallier cette situation.
Pour les pharmaciens, il ne s’agit pas d’une révolte mais d’une question de survie. « Nous avons des salariés, des charges, des taxes. Si l’État ne respecte pas ses engagements, nous ne pouvons pas tenir », explique un professionnel du secteur. Cette crise met en lumière les conséquences d’une gestion budgétaire défaillante, qui fait de la CNAMGS une bombe à retardement.
Face à l’urgence, l’Association des pharmaciens a demandé à rencontrer le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. Leur objectif est clair : mettre un terme aux abus et engager une restructuration en profondeur de la gestion financière de la CNAMGS.
Cette crise doit servir d’avertissement aux autorités gabonaises. Car si la santé publique s’effondre, c’est l’ensemble du système social qui vacille. En attendant des mesures concrètes, les Gabonais payent le prix fort d’un système malade de ses propres incohérences.
Une chose est certaine : la CNAMGS, censée être un modèle d’assurance universelle, est aujourd’hui un échec flagrant. Combien de temps encore avant que le système ne s’effondre entièrement ?