L’Assemblée nationale de la Transition a récemment adopté le projet de loi organique portant révision du Code électoral en République gabonaise. Si ce texte marque une étape clé vers la consolidation des processus électoraux, certains points continuent d’alimenter des débats passionnés.
Un texte plébiscité mais controversé
Adopté après quatre jours d’intenses discussions dirigées par une commission ad hoc, le projet de loi a reçu une large approbation des députés, avec seulement trois abstentions. Ces débats ont abouti à plusieurs amendements destinés à améliorer les processus électoraux et garantir des lendemains apaisés. Toutefois, certaines dispositions, telles que la gestion des élections par le ministère de l’Intérieur ou la possibilité pour des magistrats, des comptables publics et des agents des forces de sécurité de se présenter aux élections, suscitent de vives interrogations.
Des mesures qualifiées de « novatrices » par certains, critiquées par d’autres
La réforme introduit des mesures qui, selon certains observateurs, pourraient « saper les avancées démocratiques » tant recherchées. La possibilité pour des magistrats et des agents des forces de sécurité de se porter candidats a notamment soulevé des inquiétudes. Certains estiment que cette mesure pourrait compromettre l’impartialité du processus électoral, les magistrats étant souvent appelés à trancher en cas de contentieux.
Par ailleurs, le relèvement des cautions électorales, désormais fixées à 30 millions de francs CFA pour l’élection présidentielle et à 1 million pour les législatives, a été jugé « excessif » par certains. Ces montants, bien qu’associés à la nature des fonctions, risquent de limiter l’accès aux candidatures, notamment pour les jeunes leaders et les acteurs de la société civile.
Focus sur les points positifs
Malgré ces critiques, le texte comporte des avancées notables. Parmi elles, l’affichage des procès-verbaux devant chaque bureau de vote, l’inclusion d’observateurs internationaux et nationaux, ainsi que la présence obligatoire de représentants de candidats tout au long du processus électoral. En outre, deux sièges de députés seront réservés à la diaspora, et les binationaux pourront désormais se présenter aux législatives et locales sans renoncer à leur seconde nationalité.
Un enjeu crucial pour la Transition
Avec ses 383 articles répartis en quatre Livres et 58 Chapitres, ce nouveau Code électoral est présenté comme une « pierre angulaire » pour garantir des élections libres, transparentes et équitables. Il s’inscrit dans l’agenda de la Transition, avec pour objectif un retour à l’ordre constitutionnel à travers l’organisation d’une élection présidentielle.
Si le projet est salué pour son audace et son caractère innovant, les discussions autour de certains points sensibles témoignent de l’importance d’un dialogue inclusif pour bâtir une démocratie solide. La validation de ce texte marque néanmoins une étape majeure vers une réforme électorale visant à restaurer la confiance des citoyens dans les institutions gabonaises.