Alain-Claude Bilie-By-Nze : entre introspection et rupture avec le « système Bongo »

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Engagé dans une démarche de rupture depuis sa première prise de parole après le 30 août 2023, Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre, multiplie les échanges avec ses compatriotes. Le 1er février 2025, il était l’invité de l’agence de communication Dire, dans le cadre du programme « Face aux Gabonais, tout se dire en public ». Dans une atmosphère conviviale et sans tabou, il a abordé les grandes questions qui agitent le pays, évoquant aussi bien son passage au gouvernement que la gouvernance actuelle du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI).

Dans un style décontracté, sans costume ni cravate, l’ancien chef du gouvernement s’est présenté devant un public diversifié à l’auditorium de Gabon Mining Logistics. Applaudi à son arrivée, il a répondu aux questions des citoyens sur des sujets aussi sensibles que les élections présidentielles de 2016 et 2023, la gouvernance passée et actuelle, le chômage des jeunes, les pénuries d’eau et d’électricité, ou encore l’affaire Esther Miracle.

Il n’a pas éludé la question de son passé gouvernemental, mais a tenu à rappeler qu’il n’a été Premier ministre que durant sept mois et qu’il refuse d’être désigné comme le principal responsable des échecs du passé. « Ceux qui sont aux responsabilités aujourd’hui étaient avec moi. Pourquoi ne leur pose-t-on pas de questions ? », s’est-il interrogé, ajoutant : « Je n’ai jamais été président de la République. »

Revenant sur les événements post-électoraux de 2016, il a renouvelé son appel à la création d’une Commission vérité, justice et réconciliation. Il s’étonne du silence de certaines figures politiques actuelles, qui avaient pourtant dénoncé des morts et des charniers après cette élection.

Sur la présidentielle de 2023, il a clarifié son rôle quant à l’introduction du bulletin unique, attribuant cette initiative au Centre Gabonais des Élections (CGE) et non à lui-même.

« C’est pire qu’avant » : une critique du CTRI

Concernant la gouvernance actuelle, Bilie-By-Nze se montre critique : « Depuis 15 mois, je constate que c’est pire qu’avant. » Selon lui, le Gabon est toujours sous l’emprise du « système Bongo », qu’il juge inefficace pour le développement du pays. Il dénonce la persistance des pratiques du passé, notamment l’attribution de marchés publics sans appel d’offres et la gestion par « copains, coquins et consanguins ».

« Je refuse de continuer un système qui n’a pas marché », affirme-t-il, tout en appelant les Gabonais à voter pour changer les choses : « Il faut que le peuple ne se décourage pas. Il faut casser ce système. »

Alors que la présidentielle du 12 avril 2025 approche, Alain-Claude Bilie-By-Nze ne s’est pas encore déclaré officiellement candidat. Toutefois, son discours laisse entrevoir une volonté de proposer une alternative. « Le 30 août 2023 a remis les compteurs à zéro. J’ai fait mon introspection et appris de mes erreurs. »

L’ancien Premier ministre semble ainsi poser les jalons d’une éventuelle candidature, en se positionnant comme un acteur du changement et de la rupture avec le passé. Reste à savoir s’il officialisera son ambition dans les prochains mois.

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