Le 5 mai 2025, au cœur d’un remaniement historique marquant le lancement de la 5e République gabonaise, une nouvelle figure émerge au sein du gouvernement : Gninga Chaning Zenaba, nommée ministre de l’Entrepreneuriat, du Commerce et des PME/PMI. Mais qui est réellement cette femme au parcours atypique, propulsée de l’arène entrepreneuriale à la sphère politique nationale ?
Des racines gabonaises, un parcours forgé par le mérite
Née le 18 juillet 1988 à Libreville, originaire de Mayumba (province de la Nyanga) et issue de l’ethnie vili, Gninga Chaning Zenaba a grandi dans un environnement familial marqué par la rigueur et la valorisation du travail. Son éducation commence dans des institutions catholiques de renom — Sainte-Marie et Calasanz — avant de se poursuivre au Lycée National Léon Mba. Déterminée à élargir ses horizons, elle poursuit ses études en France, où elle obtient son baccalauréat puis une spécialisation en comptabilité et finance.
Une femme d’affaires engagée dans l’économie réelle
À son retour au Gabon, Zenaba ne tarde pas à imprimer sa marque dans le monde de l’entrepreneuriat. Elle fonde et dirige plusieurs entreprises, dont sept enregistrées légalement sur le territoire national. À travers ses activités, elle se distingue par son respect des obligations fiscales, sa contribution à la création d’emplois et son soutien aux initiatives locales. Son profil tranche avec celui, plus classique, de nombreux acteurs politiques : c’est une femme d’entreprise ancrée dans le concret.
De candidate isolée à ministre remarquée
En avril 2025, Gninga Chaning Zenaba se lance dans la course présidentielle, devenant la seule femme candidate de l’élection après validation de sa candidature par la Cour Constitutionnelle, contre l’avis initial de la CNOCER. Malgré un score modeste de 0,39 % des voix, sa campagne se distingue par une approche programmatique claire : réforme de la CNAMGS, construction d’écoles et d’hôpitaux, développement du logement social, réduction des taxes pour les entreprises locales, lutte contre la vie chère et la corruption.
Peu entendue dans les urnes, sa voix n’en reste pas moins audible dans le débat public. Elle devient une incarnation du renouveau féminin en politique et de la diversité d’engagement au sein de la société civile.
Une nomination symbole d’ouverture
C’est précisément cette dualité — entrepreneure aguerrie et actrice politique émergente — qui semble avoir motivé sa nomination au gouvernement. En l’intégrant à l’équipe ministérielle, le président Brice Clotaire Oligui Nguema envoie un message clair : la 5e République sera pluraliste, ouverte et résolument tournée vers la compétence.
La nomination de Zenaba s’inscrit aussi dans une dynamique plus large : dix femmes ont été nommées ministres, certaines à des postes stratégiques, marquant une avancée notable pour la représentation féminine dans les hautes sphères de l’État.
Une ministre face aux défis de l’entrepreneuriat local
À la tête du tout nouveau ministère de l’Entrepreneuriat, du Commerce et des PME/PMI, Gninga Chaning Zenaba est désormais attendue au tournant. Son portefeuille incarne un enjeu majeur : relancer le tissu économique local, souvent freiné par les lourdeurs administratives, le manque d’accompagnement et l’instabilité fiscale.
Son défi est triple : stimuler l’innovation, faciliter l’accès au financement et instaurer un climat des affaires plus compétitif. Pour y parvenir, elle devra conjuguer son expérience du terrain avec la réalité du pouvoir exécutif, souvent contraint par la lenteur administrative et les jeux d’influence.
Gninga Chaning Zenaba, par son parcours atypique, son audace politique et son engagement entrepreneurial, incarne un vent de renouveau dans la gouvernance gabonaise. Mais au-delà du symbole, son action ministérielle sera scrutée : pourra-t-elle transformer l’essai et faire de son ministère un levier de transformation économique durable ?