Plaine-Orèty : quand la société civile détournent le regard

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Alors que les scènes de détresse se multiplient à Plaine-Orety et Derrière l’Assemblée Nationale, où une vaste opération de déguerpissement est en cours, une partie de l’opinion publique s’indigne du silence assourdissant des institutions, des associations civiles, des grandes églises, des activistes et du gouvernement. Sur les réseaux sociaux, les mêmes interrogations affluent : où sont les structures censées défendre les plus vulnérables ?

Dans un contexte marqué par une forte émotion collective, l’absence de soutien officiel ou institutionnel contraste avec les images poignantes de familles livrées à elles-mêmes, logées sous des abris de fortune, parfois avec des enfants en bas âge, des femmes enceintes ou des personnes âgées. Pour de nombreux citoyens, ce silence est incompréhensible, voire insoutenable.

Une solidarité venue de la société civile

Face à cette inaction généralisée, quelques gestes de solidarité émergent, principalement portés par des individus ou des collectifs d’artistes. À l’image de la cagnotte lancée par Espoir La Tigresse, Amenem, Rodzeng et Naïka Ogoula, ces initiatives citoyennes en sont déjà à leur troisième mobilisation de fonds en faveur des victimes. Des actions saluées sur le terrain, mais largement insuffisantes pour faire face à l’ampleur de la détresse humaine observée.

« Loin de tout jugement sur qui a tort ou raison, la vue quasi insoutenable de femmes enceintes, de nouveaux-nés ou de personnes âgées dans des conditions précaires, une semaine après les démolitions, choque la conscience collective », commente un internaute.

Une opération lancée malgré une procédure judiciaire en cours ?

L’indignation a été ravivée par les révélations du député de la transition Geoffroy Foumboula-Libeka Makosso, seul responsable politique à s’être déplacé sur les lieux. Dans une publication sur ses réseaux sociaux, il a qualifié l’opération de « triste spectacle déshumanisant », soulignant que la décision de justice relative à l’affaire n’était officiellement parvenue au greffe que le 5 juin 2025, soit le lendemain du début des démolitions.

« Je pense, et je puis me tromper, que les autorités compétentes auraient pu attendre la décision de justice avant de lancer une quelconque opération », a-t-il déclaré.

Une enquête parlementaire demandée

Le député de la transition Lionel Engonga a, quant à lui, annoncé avoir saisi la présidente de la Commission de la planification et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale. Il demande la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur les conditions des expropriations à Plaine-Orety et dans les environs.

De son côté, Alain-Claude Bilie-By-Nze, arrivé deuxième à la présidentielle avec 3,02 % des voix et devenu l’un des opposants les plus virulents au régime du général Oligui, s’est rendu sur place. Il s’est engagé à mandater trois avocats pour défendre les déguerpis et exiger la transparence sur ce qu’il qualifie de mesure cavalière et précipitée.

Un déficit de transparence et une procédure contestée

Jusqu’à présent, aucun document officiel ne détaille les noms des personnes indemnisées, les modalités de dédommagement ou la date exacte du début des grands travaux censés justifier l’opération. Cette opacité renforce la colère et l’incompréhension dans l’opinion publique.

Pour nombre d’observateurs, cette situation constitue un tournant humanitaire et politique. Au-delà du débat technique sur la légalité ou non des constructions, c’est le traitement réservé aux populations, le manque de communication, et l’absence d’accompagnement social qui posent aujourd’hui question.

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