À Port-Gentil, la cité pétrolière vient d’enregistrer une arrestation digne d’un épisode de série télévisée. Un certain Patrick Tchikeu, Camerounais de 49 ans et visiblement entrepreneur polyvalent, a été cueilli par les agents de l’OCLAD alors qu’il s’apprêtait à arroser les quartiers de la ville avec du chanvre indien. Non, pas celui des marchés artisanaux, mais celui qui vous fait voir des éléphants roses sur la plage.
Quand Breaking Bad rencontre le marché du Grand Village
Depuis plusieurs semaines, notre ami Patrick était recherché par la police. Entre-temps, il menait une vie bien remplie : commerçant le jour, « livreur de bonheur en sachet de riz » la nuit. Car oui, dans un souci d’innovation logistique, il dissimulait sa marchandise illicite dans des sacs de riz ! Un stratagème sans gluten mais hautement suspect.
La filière était bien huilée : de Libreville à Lambaréné, puis une traversée en mode Indiana Jones sur l’Ogooué, avant d’atterrir discrètement à l’ancien port de Port-Gentil. Patrick, tel un capitaine de navire clandestin, contrôlait tout depuis son stand au marché du Grand Village. Il aura fallu un déploiement quasi militaire pour le coincer.
« C’est pas un trafic, c’est un coup de pouce agricole »
Interrogé par les forces de l’ordre, Patrick s’est lancé dans une défense pour le moins… fertile. « Ce n’est pas vraiment pour fumer, c’est pour les cultivateurs, ils disent que ça les aide à travailler la terre », a-t-il déclaré, peut-être dans l’espoir d’un poste au ministère de l’Agriculture.
Le bonhomme n’en est pas à son coup d’essai : c’était sa troisième cargaison, et il espérait en tirer entre 600 000 et 700 000 FCFA, une somme qu’il justifie par ses lourdes responsabilités familiales. « Une partie de la famille est au pays, l’autre à Oyem, moi je suis au commissariat », aurait-il pu résumer.
Du sac de riz au sac de couchage… version prison centrale
Mardi 10 juin, après une audition qui aurait mérité des applaudissements, Patrick Tchikeu a finalement été placé sous mandat de dépôt à la prison centrale de Port-Gentil. La marchandise, elle, a été saisie, sans qu’on sache si elle a vraiment fini dans les champs (de manioc ou de bananes).
L’enquête se poursuit. La police cherche encore les autres membres de ce réseau agro-stupéfiant, pendant que Patrick, lui, médite sur sa reconversion. Peut-être en écrivain ? Son autobiographie pourrait s’intituler « De Libreville à Lambaréné : chroniques d’un dealer solidaire. »