Ali Bongo Ondimba reprend la main sur le PDG : Une nomination qui relance les tensions internes et les spéculations politiques

Date:

Alors qu’il avait annoncé son retrait définitif de la vie politique, Ali Bongo Ondimba refait surface en proclamant unilatéralement un nouveau secrétaire général du Parti démocratique gabonais. Une sortie tonitruante qui rebat les cartes au sein de l’ancien parti au pouvoir.

Dans une note diffusée massivement sur les réseaux sociaux, Ali Bongo Ondimba, ancien président de la République gabonaise et statutairement Distingué Camarade Président du Parti démocratique gabonais (PDG), a nommé Ali Akbar Onanga Y’Obégué au poste de Secrétaire général du parti, en remplacement de Steeve Nzégho Diéko, officiellement démissionnaire. Une décision au ton autoritaire, adressée à Luc Oyoubi, jusque-là considéré comme secrétaire général par intérim, qu’il somme de procéder « sans délai » à la passation de charges.

Dans le document, Ali Bongo instruit expressément que, en cas d’indisponibilité de Luc Oyoubi, son nouveau secrétaire général « est autorisé à prendre, sans autre formalité, possession immédiate de tous les bureaux, locaux et moyens de fonctionnement du PDG », notamment le siège situé au quartier Louis, à Libreville. Il exige également la restitution immédiate de tous les biens et documents du parti, menaçant les récalcitrants de poursuites judiciaires.

Cette proclamation relance la fracture interne du PDG, où deux factions s’opposent depuis la chute du régime en août 2023 : d’un côté, la branche “loyaliste et légaliste”, menée par Ali Akbar Onanga Y’Obégué ; de l’autre, l’aile contestataire conduite par Blaise Louémbé et Angélique Ngoma, désignés lors d’un congrès extraordinaire en février 2025, mais aussitôt désavoués par les fidèles d’Ali Bongo.

La prise de position du « Distingué Camarade Président » vient donc réaffirmer son autorité statutaire au sein du parti fondé par son père, Omar Bongo Ondimba, en 1968. Elle relance par ailleurs le débat sur la légitimité du leadership actuel du PDG, à un moment critique du calendrier politique gabonais, marqué par les élections législatives et locales prévues entre septembre et octobre 2025.

Cette sortie fracassante d’Ali Bongo Ondimba surprend et interroge, d’autant plus qu’il avait déclaré, en septembre 2024, se retirer définitivement de la vie politique nationale. Depuis son départ du Gabon en mai dernier, l’ancien président réside à Londres, où il a retrouvé son épouse Sylvia et son fils Noureddin, tous deux détenus pendant près de 20 mois dans le cadre d’affaires judiciaires. Leur procès est prévu du 10 au 14 novembre 2025 à Libreville, très probablement en leur absence.

Ce retour de flamme soulève une question centrale : Ali Bongo Ondimba tente-t-il une reprise d’influence depuis l’étranger, ou s’agit-il d’une manœuvre de préservation d’un capital politique résiduel ? Nombre d’analystes y voient un geste stratégique, visant à repositionner son courant au sein du PDG, voire à peser sur les futurs équilibres post-électoraux.

Au-delà des tensions internes au parti, cette déclaration sonne comme un défi à l’ordre politique post-transition. Le fait qu’Ali Bongo réaffirme son autorité sur le PDG, au moment même où le pouvoir d’Oligui Nguéma s’apprête à passer l’épreuve des urnes, ne relève pas du hasard. L’ancien président semble vouloir rappeler qu’il demeure un acteur, sinon institutionnel, du moins moral ou symbolique, de la scène politique gabonaise.

S’il ne peut actuellement briguer ni mandat ni position officielle, sa capacité à fracturer ou rallier une partie du PDG, ou à se faire le garant d’une légitimité historique, n’est pas négligeable, surtout dans un contexte électoral polarisé.

La manœuvre d’Ali Bongo Ondimba réactive les divisions internes du PDG, mais elle révèle aussi la fragilité du consensus politique post-Transition. Alors que le Gabon s’apprête à entrer dans une nouvelle séquence démocratique, le retour médiatique de l’ancien président pourrait cristalliser tensions et rivalités autour de la mémoire du régime déchu et de la légitimité des nouvelles institutions.

Jusqu’où ira-t-il ? C’est désormais la question qui agite la classe politique et les observateurs, alors que la partie de poker pour le contrôle de l’ancien parti au pouvoir vient peut-être de connaître un nouveau tournant.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

spot_img