À moins de quatre mois des élections générales, le gouvernement gabonais pose les jalons d’un processus électoral ambitieux, à la fois technique, politique et symbolique, destiné à sceller l’architecture institutionnelle de la Ve République.
Dans une déclaration solennelle tenue vendredi dernier au siège du ministère de l’Intérieur, le ministre Hermann Immongault a rendu public le calendrier officiel du processus électoral qui mènera le Gabon aux élections générales fixées au 27 septembre 2025. Un moment politique capital dans le contexte de la Transition ouverte depuis le 30 août 2023, au lendemain du coup d’État qui a mis fin au régime d’Ali Bongo.
Ces élections générales – législatives, municipales et départementales – marqueront la fin du régime transitoire et permettront l’entrée en vigueur, dès janvier 2026, des institutions de la Ve République, fondée sur une nouvelle architecture constitutionnelle. Il s’agit, pour le gouvernement, de restaurer la légitimité démocratique par un retour aux urnes, dans un climat de confiance et de transparence.
Le ministre a annoncé que la révision de la liste électorale débutera le 14 juillet pour s’achever le 12 août 2025, en continu, sur tout le territoire national et dans les consulats gabonais à l’étranger. Cette opération permettra d’enregistrer les nouveaux majeurs, de corriger les données personnelles, de changer les centres de vote et de radier les électeurs décédés ou inéligibles. À noter que les jeunes de 18 ans recensés via le Numéro d’Identification Personnel (NIP) seront inscrits d’office, mais devront choisir leur centre de vote.
Autre moment décisif : le renouvellement de l’Autorité de Contrôle des Élections et du Référendum (ACER), dont le mandat des neuf membres expire le 12 juillet. Un appel à candidatures est ouvert du 14 au 21 juillet. Les nouveaux membres seront désignés par décret présidentiel, après validation par la Cour constitutionnelle. Le ministre a insisté sur la nécessité de garantir l’indépendance, la probité et la compétence des futurs membres, écartant toute candidature liée à une fonction élective ou à une appartenance politique récente.
D’ici au 26 juillet 2025, les commissions électorales locales devront être installées dans toutes les circonscriptions, y compris à l’étranger. Les Gabonais de la diaspora pourront voter pour deux députés représentant la circonscription extérieure : un pour la zone Afrique, un pour la zone Europe-Amérique-Asie-Océanie, comme prévu par la loi n°020/2025 du 27 juin.
La réception des candidatures se déroulera du 27 juillet au 7 août 2025, avec examen des dossiers par la CNOCER (Commission nationale d’organisation des élections et du référendum) et ses antennes. La Cour constitutionnelle aura jusqu’au 27 août pour trancher d’éventuels recours.
La campagne électorale pour le 1er tour des législatives et l’élection unique des conseils municipaux et départementaux aura lieu du 17 au 26 septembre. Le scrutin général est prévu le 27 septembre 2025. En cas de second tour pour certaines circonscriptions législatives, une seconde campagne aura lieu du 1er au 10 octobre, avec un vote le 11 octobre 2025.
Dans sa conclusion, Hermann Immongault a appelé à l’engagement citoyen, à la vigilance des acteurs politiques et à la responsabilité des organes d’encadrement du processus. Il a assuré que son ministère et la CNOCER sont pleinement mobilisés pour garantir un scrutin crédible et apaisé, dans le strict respect des principes démocratiques.
Au-delà de l’annonce technique, cette feuille de route électorale résonne comme un test de crédibilité pour la Transition gabonaise. Le défi sera non seulement logistique et juridique, mais aussi politique : restaurer la confiance des électeurs, éviter les tensions, neutraliser les soupçons de manipulation, et ouvrir une nouvelle ère démocratique pour le pays. À moins de 100 jours du scrutin, le compte à rebours est lancé.