C’est peut-être une page importante de la vie politique gabonaise qui se tourne. À l’approche de ses 85 ans, Jean-François Ntoutoume Emane aurait décidé de se retirer de la scène politique active. L’ancien Premier ministre privilégierait désormais l’écriture, les voyages, les conseils, ainsi que son engagement au sein de l’association culturelle des Ekang-Fang qu’il préside.
« Il faut savoir évoluer », aurait-il confié avec sérénité.
Personnalité marquante du paysage politique national, Ntoutoume Emane se serait construit une trajectoire rare, forgée par de solides études en droit, économie et sociologie, un passage au Fonds monétaire international (FMI), et une carrière dans la haute administration gabonaise.
Selon plusieurs témoignages, c’est grâce au Dr Éloi Rahandi Chambrier qu’il aurait été présenté au feu Président Omar Bongo Ondimba, qui, impressionné, l’aurait nommé à la tête du journal Dialogue, avant de l’intégrer au Bureau politique du Parti démocratique gabonais (PDG).
Bien qu’il ait affirmé ne jamais avoir signé de fiche d’adhésion au parti, il serait resté plus de 30 ans aux côtés d’Omar Bongo, occupant entre autres les fonctions de ministre d’État, conseiller personnel du chef de l’État, Premier ministre, maire de Libreville et censeur à la BEAC.
En 2015, il aurait rompu avec le PDG, dénonçant une dérive du régime sous Ali Bongo Ondimba. Il fonde alors le Rassemblement des patriotes républicains (RPR), officiellement reconnu en 2018.
Aujourd’hui, en se retirant, Ntoutoume Emane aurait également décidé de mettre fin à l’existence de son parti « Le RPR que j’ai créé ne devra plus exister », aurait-il déclaré, tout en invitant ses partisans à rejoindre, selon leur choix, le parti au pouvoir ou celui d’Alexandre Barro Chambrier, en hommage à son père, Éloi Rahandi Chambrier.
Avec ce départ discret mais lourd de symbole, la vie politique gabonaise perd l’un de ses derniers vétérans. Jean-François Ntoutoume Emane aura été témoin et acteur des grands cycles politiques du pays.
Son retrait marque, tout en douceur, la fin d’une époque.
C.B
