Alors que plusieurs pays africains misent sur des campagnes de communication audacieuses, associant leur image à des clubs européens de renom ou à des figures de la pop culture mondiale, le Gabon laisse passer une opportunité en or, celle de capitaliser sur la présence de Ludacris, superstar américaine, dans le pays.
Le rappeur et acteur, de son vrai nom Christopher Brian Bridges, séjourne au Gabon depuis plusieurs jours aux côtés de son épouse Eudoxie Mbouguiengue, originaire du pays. Une visite largement relayée sur les réseaux sociaux par l’artiste lui-même, qui a partagé des moments intimes et authentiques de son passage au Gabon : plages paradisiaques, immersion culturelle, parties de football avec des enfants, paysages naturels, et bien plus encore.
Les images, largement reprises par des blogs people et des plateformes à forte audience comme The Shade Room, Complex ou encore Hollywood Unlocked, offrent au Gabon une vitrine naturelle, gratuite et mondiale – que nombre de destinations touristiques rêveraient d’avoir.
Pourtant, aucune réaction officielle du ministère du Tourisme, aucune campagne d’accompagnement, aucune collaboration médiatique ou institutionnelle n’a été enregistrée. Un silence qui interroge, alors que le Rwanda collabore avec Arsenal, Paris Saint-Germain et Bayern Munich, que la Côte d’Ivoire s’affiche avec l’Olympique de Marseille, que la RDC travaille avec le FC Barcelone, et que le Bénin vient de faire appel à des figures comme Spike Lee et Ciara pour redorer son image à l’international.
Le Gabon, encore peu présent sur la scène du tourisme international, dispose pourtant d’atouts considérables : biodiversité exceptionnelle, littoral intact, culture riche, gastronomie variée. Mais faute d’un véritable storytelling national, de relais institutionnels efficaces, et d’une stratégie d’influence tournée vers la culture et le soft power, ces atouts peinent à émerger.
Le séjour de Ludacris aurait pu être l’occasion rêvée de relancer la destination Gabon, de tisser un partenariat avec l’artiste, d’organiser une visite officielle, un spot promotionnel, ou même un programme d’influence structuré avec Eudoxie Bridges.
Le Gabon a rate une balle en or. Dans un monde où l’image façonne les perceptions et où les artistes influencent les flux touristiques, l’absence de réaction face à une telle exposition témoigne d’un déficit de vision stratégique.
Si le pays souhaite un jour compter sur la carte du tourisme africain ou peser diplomatiquement par le biais du soft power culturel, il devra apprendre à valoriser ses propres enfants et saisir les occasions qui s’offrent à lui – même quand elles arrivent sous forme de stories Instagram.