Gabon : Amnistie et réintégration de Kelly Ondo Obiang, un geste fort de réconciliation nationale

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Une page importante de l’histoire politique récente du Gabon vient de s’écrire. Ce mardi, lors du conseil des ministres présidé par le chef de l’État de transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, le gouvernement a annoncé l’amnistie de l’ex-lieutenant Kelly Ondo Obiang et de ses compagnons, Estimé Manongo Bidima et Dimitri Nze Minkom. Condamnés en 2021 à 15 ans de prison pour leur rôle dans la prise de contrôle de la Radiotélévision Gabonaise (RTG) le 7 janvier 2019, les trois hommes recouvrent aujourd’hui leur liberté et seront réintégrés au sein des forces armées.

Le 7 janvier 2019, alors que le président Ali Bongo Ondimba se remettait d’un accident vasculaire cérébral, Kelly Ondo Obiang, alors lieutenant de la Garde Républicaine, et ses hommes avaient pris la RTG pour dénoncer, selon eux, « l’incapacité du chef de l’État à diriger le pays ». L’action, rapidement réprimée, avait marqué les esprits et ouvert un débat sur l’état de la gouvernance et la liberté d’expression au Gabon.

Cette amnistie, officialisée par la porte-parole du gouvernement, Laurence Ndong, est le fruit d’un long processus. Lionel Ella Engonga, député de la transition, avait déposé une proposition de loi en ce sens, s’appuyant sur les dispositions du Code pénal, du Code de procédure pénale et du règlement de l’Assemblée Nationale de la Transition. La mesure, saluée par une large frange de la population, s’inscrit dans la volonté affichée par le régime de la 5ᵉ République de tourner la page des tensions passées.

Pour de nombreux observateurs, cette décision dépasse le simple cadre juridique. Elle s’apparente à ce que l’historien Stéphane Gacon définit comme « un geste symbolique de réconciliation sociale ». En réintégrant les trois militaires, le gouvernement reconnaît implicitement que leur acte était un signal d’alarme, lancé à une époque charnière pour le pays.

La réhabilitation de Kelly Ondo Obiang et de ses compagnons pourrait ouvrir la voie à d’autres mesures de décrispation politique. Elle répond à un double objectif : restaurer la confiance entre l’État et les citoyens, et renforcer l’unité nationale dans un contexte de transition. Les bénéficiaires, désormais libres, pourront retrouver leur vie familiale tout en reprenant un rôle actif dans la République.

En clair, cette amnistie apparaît comme une étape stratégique dans la consolidation d’un climat politique apaisé. Elle illustre une volonté d’inclusion et de dépassement des fractures héritées de l’ère précédente, tout en envoyant un signal fort : le dialogue et la réconciliation restent les piliers de la transition gabonaise.

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