Albert Ondo Ossa : l’éternel challenger dans l’ombre de Jean Ping ?

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Depuis le coup d’État militaire de janvier 2023, qui a renversé le régime d’Ali Bongo Ondimba, la scène politique gabonaise est restée marquée par une tension latente. Au cœur de ce climat, le professeur Albert Ondo Ossa, candidat malheureux à la présidentielle de 2023, continue de revendiquer une victoire « confisquée » par ce qu’il qualifie de « révolution de palais ». À ses yeux, le président Brice Clotaire Oligui Nguema, n’a pas vocation à rester longtemps au pouvoir, son départ serait inéluctable.

Cette posture rappelle inévitablement un autre visage de l’opposition gabonaise, Jean Ping. Après la présidentielle de 2016, l’ancien président de la Commission de l’Union africaine avait adopté une stratégie similaire, multipliant les déclarations selon lesquelles « Ali Bongo allait dégager », sans que cette prédiction ne se concrétise autrement que par le coup de force militaire de 2023. Ping avait incarné, pendant près de sept ans, la figure de l’opposant irréductible, rejetant la légitimité du pouvoir en place et entretenant l’espoir d’un basculement.

Le parallèle entre les deux hommes est frappant. Là où Jean Ping désignait Ali Bongo comme « l’usurpateur », Ondo Ossa qualifie Oligui Nguema de « putschiste en chef ». Tous deux s’appuient sur un discours de résistance, à la fois appel à la mobilisation et affirmation de certitudes politiques. Mais pour une partie de l’opinion, cette rhétorique sonne comme un déjà-vu, la répétition de promesses de changement sans calendrier tangible ni perspectives concrètes.

Pour Ondo Ossa, le défi est désormais double : maintenir vivante l’idée qu’il incarne l’alternative et éviter le piège d’une opposition perçue comme stérile. Car si l’expérience de Jean Ping démontre la capacité de ce type de discours à galvaniser une partie de la population, elle révèle aussi son essoufflement lorsqu’il n’est pas accompagné d’une stratégie politique efficace ni de relais institutionnels solides.

Dans un pays où l’histoire récente a montré que les alternances peuvent surgir de manière brutale et inattendue, les discours d’Ondo Ossa ne sont pas anodins. Ils participent à maintenir vivante une contestation, mais posent aussi la question de l’avenir, le professeur d’économie suivra-t-il le même chemin que Jean Ping, celui de l’opposant emblématique mais vaincu par le temps ? Ou saura-t-il transformer son image en véritable force politique capable de peser dans les recompositions à venir ?

Une certitude demeure : dans un Gabon en quête de stabilité et d’alternance crédible, Albert Ondo Ossa, surnommé « A2O », s’impose comme l’un des symboles les plus puissants de la frustration populaire. Entre mémoire et promesse, il incarne ce mélange d’espérance et de désillusion qui continue de hanter le paysage politique national.

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