Bertrand Zibi Abeghe : de la prison politique à la reconnaissance nationale.

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La distinction accordée le 30 août dernier à Bertrand Zibi Abeghe par le président Brice Clotaire Oligui Nguema, marque un tournant symbolique dans la mémoire politique du Gabon. En élevant l’ancien député au grade de Commandeur, lors de la deuxième édition de la Fête de la Libération à Tchibanga, le chef de l’État a voulu réhabiliter une figure longtemps marginalisée par l’ancien régime.

Ancien élu du Parti démocratique gabonais (PDG) dans le Woleu-Ntem, Bertrand Zibi avait créé la surprise en 2016 en démissionnant publiquement du parti au pouvoir, en pleine campagne présidentielle. Dans un geste spectaculaire, il déposa son écharpe de député, dénonçant ce qu’il qualifiait de « hold-up électoral du siècle ».

Son opposition frontale au régime Bongo lui coûta cher. En décembre 2016, il fut arrêté et incarcéré sous l’accusation controversée « d’atteinte à la sûreté de l’État ». Derrière les barreaux, il refusa toute négociation qui aurait signifié un renoncement à ses convictions, devenant ainsi un symbole de résistance pour une partie de l’opinion publique.

L’effondrement du régime Bongo, le 30 août 2023, a bouleversé les équilibres politiques. La reconnaissance officielle de Zibi Abeghe s’inscrit dans ce nouveau contexte. En décorant l’ancien prisonnier politique, le général Oligui Nguema a posé un acte à forte portée symbolique, celui de reconnaître la contribution d’un opposant à la lutte contre un système longtemps accusé d’autoritarisme.

Au-delà de l’hommage individuel, ce geste a valeur de réhabilitation collective. Il s’adresse à toutes les figures de l’opposition, connues ou anonymes, qui ont subi la répression pour avoir osé contester le pouvoir en place.

L’acte présidentiel revêt une double dimension. D’un côté, il apparaît comme une réparation historique, une façon de réinscrire Zibi Abeghe dans le récit national. De l’autre, il constitue un signal politique fort, celui d’un pouvoir de transition qui veut marquer sa différence avec l’ancien régime et rassurer l’opinion sur sa volonté de bâtir un Gabon nouveau, fondé sur la reconnaissance des sacrifices passés.

Pour de nombreux observateurs, cette décoration dépasse la personne de Zibi Abeghe. Elle symbolise la réhabilitation d’une génération de résistants et rappelle que les actes de courage politique, souvent payés au prix fort, peuvent finir par être reconnus.

En ce sens, la distinction de Bertrand Zibi Abeghe ne se limite pas à une médaille. Elle s’inscrit comme un moment fondateur pour le pays, où mémoire, justice et politique se rejoignent pour redéfinir les contours de la République gabonaise.

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