Un an après son lancement par le Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, le programme Taxi Gab+ fait à nouveau parler de lui. Cette fois, à travers une décision ferme : dix-neuf chauffeurs-entrepreneurs viennent d’être exclus du dispositif pour non-respect des obligations contractuelles. Une mesure qui, selon le directeur du programme, Curt Fouty Obeye, vise à préserver la crédibilité et la pérennité de ce projet emblématique de la Transition.
Dans sa communication officielle, Curt Fouty Obeye n’a pas mâché ses mots : « Taxi Gab n’est pas une cour de récréation. La discipline reste la clé de la réussite de ce programme. » Un message sans ambiguïté, adressé aux bénéficiaires du dispositif.
Les chauffeurs sanctionnés sont accusés de défaut de paiement des mensualités, de négligence dans l’entretien des véhicules et de comportements préjudiciables à l’image du programme. En tout, six véhicules ont été mis hors service, principalement pour cause d’impayés ou d’entretien défaillant.
Cette rigueur, si elle peut paraître sévère, traduit une volonté claire : imposer une culture de responsabilité dans un secteur longtemps perçu comme informel et désordonné. Pour l’administration de Taxi Gab+, il ne s’agit pas seulement d’un projet de transport, mais d’un modèle économique et civique, symbolisant la modernisation du quotidien urbain.
Malgré ces exclusions, le directeur du programme s’est voulu rassurant : 85 à 90 % des bénéficiaires respectent leurs engagements. Ce taux de conformité, selon lui, illustre la réussite du projet à un an de sa mise en œuvre.
« C’est un bilan très encourageant », a déclaré Curt Fouty Obeye, estimant que ces sanctions doivent être perçues comme un signal d’alerte et non comme un échec. En effet, le dispositif repose sur un modèle exigeant : chaque chauffeur verse une contribution journalière de 20 000 francs CFA, afin de devenir propriétaire du véhicule après trois ans et demi.
L’enjeu est donc double économique et social : offrir aux Gabonais une opportunité d’entrepreneuriat autonome tout en réorganisant un secteur stratégique, longtemps dominé par des acteurs étrangers.
La première phase du projet avait permis la mise en circulation de 417 taxis à Libreville, attribués à autant de promoteurs. La deuxième phase, avec 400 nouveaux véhicules, a étendu le programme à Port-Gentil, Franceville et Oyem, portant à plus de 1 000 le nombre de bénéficiaires.
Particularité notable : une cinquantaine de taxis ont récemment été attribués à des femmes, traduisant la volonté d’inclusion économique portée par le Chef de l’État et soutenue par les autorités de la Transition.
Derrière cette initiative se dessine un objectif plus large : reprendre le contrôle d’un secteur de transport urbain longtemps abandonné aux expatriés, en dotant les nationaux de moyens modernes et encadrés. Taxi Gab+ apparaît ainsi comme un instrument de souveraineté économique, mais aussi de revalorisation sociale du métier de chauffeur, longtemps relégué au second plan.
Si le programme Taxi Gab+ se veut une vitrine du pragmatisme économique de la Transition, son efficacité repose désormais sur la capacité des bénéficiaires à respecter les règles. L’exclusion des chauffeurs fautifs envoie un message clair : la réussite collective ne peut s’accommoder d’indiscipline individuelle.
Dans le même temps, la fermeté de l’administration du programme souligne une mutation de la gouvernance publique, où la performance et la reddition de comptes deviennent des critères centraux.
Taxi Gab+ incarne donc, à sa manière, la philosophie du “Gabon nouveau” prôné par Brice Clotaire Oligui Nguema : moderniser en responsabilisant. Entre ambition économique et exigence de rigueur, ce programme illustre une orientation politique forte celle d’un État qui ne subventionne plus l’assistanat, mais investit dans la responsabilité citoyenne et entrepreneuriale.
