Libreville, 10 novembre 2025 – Par la rédaction de GabonNextNews TV
La session criminelle spécialisée consacrée à l’affaire Sylvie Marie Valentin Bongo, Noureddine Bongo Valentin et plusieurs coaccusés s’est ouverte ce lundi 10 novembre 2025 au Palais de justice de Libreville.
Douze personnes sont poursuivies dans ce dossier emblématique qui marque une nouvelle étape dans la lutte contre la corruption et les détournements présumés de fonds publics au Gabon.
L’audience a débuté par l’appel des accusés à la barre. Sur les douze personnes concernées, neuf étaient présentes, tandis que Sylvie Bongo, Noureddine Bongo Valentin et Mohamed Aliou étaient absents.
Le procureur général a précisé que toutes les parties avaient été dûment notifiées conformément au Code de procédure pénale, invitant la Cour à “tirer les conséquences de ces absences”.
Mais la situation de Mohamed Aliou a immédiatement suscité la controverse. Ses avocats ont interpellé la Cour sur le sort de leur client, affirmant qu’il “se trouverait entre les mains de la justice”.
« Il est où ? C’est au procureur général de l’extraire », a lancé Me Boguikouma, dénonçant une incohérence dans la procédure.
En réponse, le procureur général a indiqué avoir transmis un ordre d’extraction à la prison centrale de Libreville, mais a reconnu l’absence de l’accusé. Conformément à l’article 257 du Code de procédure pénale, il a annoncé que Mohamed Aliou serait jugé par contumace, ce à quoi la défense s’est opposée, arguant que l’intéressé “n’était pas en fuite, mais déjà détenu”.
Après une courte suspension, le parquet a informé la Cour que l’accusé était absent pour raisons médicales, mais serait “en mesure de comparaître dès le lendemain”.
Face à l’absence persistante de plusieurs accusés, le procureur général a sollicité la disjonction des procédures, appuyé par les avocats de la partie civile représentant l’État gabonais.
Une demande conforme à l’article 258 du Code de procédure pénale, qui encadre le régime de jugement par contumace.
Avant que la Cour ne statue, un avocat de la défense a soulevé une exception d’incompétence, estimant que le président de la Cour “ne disposait pas du rang requis” selon la loi organique sur l’organisation de l’ordre judiciaire.
Après délibération, la Cour a rejeté cette exception et validé la disjonction des procédures, ouvrant ainsi la voie au procès par contumace des accusés absents.
La Cour a ensuite procédé à la lecture de l’arrêt de renvoi, document central détaillant les faits reprochés aux principaux accusés.
Les éléments présentés mettent en lumière un vaste réseau patrimonial et financier attribué à plusieurs membres du clan Bongo-Valentin et à leurs proches collaborateurs.
Selon le dossier d’instruction :
Noureddine Bongo Valentin aurait créé plusieurs sociétés civiles immobilières (SCI) telles que Africa Dream, Ambowe ou Mayena Group, et détiendrait des parts dans la société Alpha Century Mining, un avion en copropriété avec sa mère et plusieurs comptes bancaires au Gabon et à l’étranger.
Sylvie Marie Valentin Bongo posséderait un patrimoine étendu comprenant des SCI comme Mars, Green Équatoriale ou Sable, des villas à la Sablière, un immeuble inachevé à la Baie des Rois, ainsi que des biens immobiliers à Londres, Marrakech et Nkok.
Mohamed Aliou Saliou serait propriétaire de plusieurs SCI, d’un hôtel, de villas à Libreville et à la Pointe Denis, ainsi que de nombreux comptes bancaires totalisant plusieurs centaines de millions de FCFA.
D’autres coaccusés, dont Jessy Ella Ekogha, Ian Ghislain Ngoulou, Oceni Ossa, Mvouradjiami Cyriaque et Steev Nzegho Dieko, sont cités pour la possession de biens de grande valeur : villas, terrains, véhicules de luxe, comptes bancaires et investissements immobiliers multiples.
Tous refutent les accusations, invoquant des revenus réguliers issus de leurs fonctions, primes et avantages divers pour justifier leurs acquisitions.
Ce procès à haute portée symbolique se poursuit ce mardi 11 novembre avec la plaidoirie de la partie civile, tandis que le procès des accusés présents reprendra le mercredi 12 novembre 2025.
Dans un contexte de refondation institutionnelle, cette audience est perçue comme un test majeur pour la crédibilité et l’indépendance de la justice gabonaise.
L’association SOS Prisonniers Gabon, présente sur les lieux, a salué “un pas décisif vers l’essor d’une justice véritablement indépendante”.



