Ce matin devant la Cour, Jessye Ella Ekogha s’est présenté avec une attitude qui n’a pas manqué d’interpeller. Visiblement sur la défensive, l’ancien conseiller en communication présidentielle a multiplié réponses floues, formules évasives et non-dits, laissant planer un malaise constant autour de son rôle dans la nuit décisive du 29 août 2023 au Centre Gabonais des Élections (CGE).
Interrogé sur sa présence au CGE, Jessye Ella Ekogha a persisté à minimiser les faits. Pourtant, la loi est claire : seules la presse nationale habilitée et les organes publics peuvent couvrir et diffuser la proclamation officielle des résultats électoraux.
En aucun cas, la presse présidentielle – chargée exclusivement de suivre les activités du chef de l’État – n’avait vocation à se trouver dans les locaux du CGE cette nuit-là.
Malgré cela, Jessye Ella Ekogha, accompagné d’une équipe soigneusement sélectionnée de la communication présidentielle, occupait la salle au moment critique de l’annonce des résultats. Pendant ce temps, aucun média national n’a été autorisé à couvrir l’évènement en direct.
Les investigations révèlent que l’opération était préparée depuis plusieurs jours.
Selon les témoignages :
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Les équipes de Gabon 24 étaient mobilisées dès le 27 août 2023.
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La Directrice générale avait installé son dispositif dans un hôtel situé en face de la clinique Chambrier.
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Les équipes dormaient littéralement dans les studios depuis trois jours, en attente d’instructions.
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Les directives venaient du ministre de la Communication de l’époque, Rodrigue Bissawou, lui-même guidé par… Jessye Ella Ekogha.
Leur mission : verrouiller l’accès, empêcher la presse nationale et internationale d’entrer au CGE, et réserver l’intégralité de la couverture médiatique à la seule presse présidentielle. Un dispositif totalement contraire aux règles, mais parfaitement aligné avec les intérêts du pouvoir en place d’alors.
Aux yeux de nombreux observateurs, cette manœuvre visait à s’assurer le monopole de la communication autour de la proclamation des résultats.
En verrouillant l’accès et en écartant les médias indépendants, l’entourage d’Ali Bongo – souvent désigné comme la Young Team – s’assurait un contrôle absolu du récit officiel, dans un moment où la transparence était pourtant cruciale.
Face aux questions de la Cour, Jessye Ella Ekogha a adopté une posture jugée orgueilleuse, condescendante et suffisante. Plutôt que de clarifier son rôle, il semble avoir cherché à brouiller davantage les pistes, refusant de reconnaître l’illégalité manifeste de son implication dans ce dispositif.
Une attitude en total décalage avec les exigences de vérité et de transparence qui encadrent désormais l’examen de la période électorale de 2023.
L’audience a également soulevé des interrogations sur la gestion du budget alloué à la communication présidentielle durant cette période.
Comment a-t-il été utilisé ?
Qui en contrôlait les dépenses ?
Quel était le véritable montage financier derrière ce verrouillage médiatique massif ?
Pour l’heure, Jessye Ella Ekogha n’a apporté aucune réponse concrète.



