Un an après la chute du régime d’Ali Bongo, l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze revient sur la scène politique avec la sortie de son deuxième livre, intitulé « Awu m’awu : oser l’espérance pour un autre Gabon ». Publié aux éditions Africapresse, ce nouvel ouvrage se présente à la fois comme un témoignage personnel et un manifeste politique, dans lequel l’auteur partage sa « part de vérité » sur les années passées au pouvoir et formule des propositions pour l’avenir du Gabon.
Un livre programmatique
Présenté le 16 septembre à Paris, « Awu m’awu », que l’on peut traduire par « La mort que je meurs » ou « Ce pourquoi je meurs », est divisé en quatre parties et plus de trente chapitres. L’ancien chef du gouvernement y revient sur les 14 années de règne d’Ali Bongo, sa propre expérience en tant que Premier ministre, et critique vigoureusement l’actuel régime dirigé par le Comité de Transition et de Restauration des Institutions (CTRI), qu’il accuse d’avoir dévoyé le pouvoir au détriment de la démocratie.
Alain-Claude Bilie-By-Nze n’hésite pas à qualifier la prise de pouvoir militaire du 30 août 2023 de « coup d’État », malgré l’absence de violences, dénonçant ainsi un renversement des institutions qui, selon lui, ne constitue pas une véritable libération du peuple gabonais. Il insiste sur le fait qu’aucune forme de libération ne peut provenir des militaires au pouvoir, affirmant que « la vérité est la vérité », qu’on le veuille ou non.
Critique de la gestion actuelle et appel à la démocratie
Lors de la présentation de son livre, Bilie-By-Nze a particulièrement mis l’accent sur la gestion chaotique des ressources sous l’actuel régime, évoquant une « République sabotée » par des pratiques antidémocratiques. Il fustige notamment l’influence excessive des directeurs de cabinet présidentiels et de certains groupes d’intérêts, comme l’Association des jeunes volontaires émergents (Ajev) et la « Young team », qu’il accuse d’avoir accentué les dérives du pouvoir.
Concernant la corruption, un sujet souvent jugé tabou, l’ancien Premier ministre pointe du doigt l’incapacité du CTRI à rompre avec les pratiques du passé. Il déplore que la question ne soit jamais réellement abordée dans les débats publics, comparant le CTRI et la « Young team » à des structures ayant les mêmes vices.
Le Dialogue National Inclusif et la Constitution critiqués
Bilie-By-Nze ne cache pas son désaccord avec le projet de nouvelle Constitution en cours d’examen, qu’il juge « mortifère » et exclusif, en particulier sur des points comme la limite d’âge pour les candidats à la présidence et le débat sur la nationalité. Pour lui, une véritable inclusion de toutes les parties prenantes est nécessaire pour construire un Gabon plus juste et plus démocratique.
Il appelle également à respecter les engagements pris, notamment celui de remettre le pouvoir aux civils. « Un militaire est un homme d’honneur », a-t-il lancé à l’actuel président Oligui Nguema, tout en exhortant ce dernier à ne pas se transformer en dirigeant civil.
Un appel à l’espoir et à l’action
À travers « Awu m’awu », Alain-Claude Bilie-By-Nze entend mobiliser les Gabonais autour d’un projet de société basé sur la confiance, l’intégrité et la solidarité. Il propose des solutions concrètes pour redresser le pays, tout en soulignant que l’avenir du Gabon dépend de la victoire du « Non » au prochain référendum constitutionnel. Ce livre, qu’il considère comme le récit de son parcours, se veut un acte de résistance face à ce qu’il considère comme une menace pour la démocratie gabonaise.
Ainsi, en conclusion, l’ancien Premier ministre invite à un débat national sur les réformes à entreprendre pour assurer un avenir meilleur au Gabon. Pour lui, il est temps de dire « Non » à un projet constitutionnel liberticide et de construire une « Marque Gabon » tournée vers l’inclusion et le développement durable.
