Litige frontalier Gabon-Guinée Équatoriale : La Cour internationale de justice examine la souveraineté des îles Mbanié, Cocotier et Conga

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Le différend territorial opposant le Gabon et la Guinée Équatoriale, concernant la souveraineté des îles Mbanié, Cocotier et Conga, fait actuellement l’objet d’une analyse approfondie par la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye. Ces territoires, réputés pour leur potentiel pétrolier, sont au cœur des tensions entre les deux nations. Le 2 octobre 2024, le Gabon a présenté sa défense, représenté par Marie-Madeleine Mborantsuo et le professeur Guy Rossatanga-Rignault, mettant en avant la « Convention de Bata de 1974 » comme élément clé de sa souveraineté sur les îles disputées.

Une défense fondée sur la Convention de Bata

Marie-Madeleine Mborantsuo, présidente honoraire de la Cour constitutionnelle du Gabon et experte du dossier Mbanié, a souligné l’importance de la Convention de Bata, signée en 1974 entre le Gabon et la Guinée Équatoriale. Ce texte, selon elle, reconnaît la souveraineté gabonaise sur les îles Mbanié, Cocotier et Conga. Elle a vivement rejeté les prétentions de la Guinée Équatoriale, qui considère ce traité comme un simple « bout de papier ». Mborantsuo a rappelé que la convention avait été notifiée à l’ambassadeur de France à Libreville en 1974, ce qui en fait un document d’importance juridique et historique pour la délimitation des frontières entre les deux pays.

Appelant au respect du principe de pacta sunt servanda, qui oblige les États à honorer les traités qu’ils signent, Mborantsuo a insisté sur la validité de l’accord signé par les présidents Omar Bongo Ondimba et Francisco Macías Nguema. Elle a également évoqué l’existence d’archives françaises qui pourraient corroborer l’existence et la validité de cette convention, offrant ainsi au Gabon une base solide pour défendre ses droits.

Un différend aux racines coloniales

Le professeur Guy Rossatanga-Rignault, membre de la délégation gabonaise, a replacé le différend dans un contexte historique, expliquant que les tensions actuelles sont le prolongement des conflits coloniaux entre la France et l’Espagne dans le golfe de Guinée. Il a souligné que la Guinée Équatoriale nie aujourd’hui l’existence de la Convention de Bata, une attitude qu’il qualifie de mauvaise foi.

Pour Rossatanga-Rignault, ce différend ne date pas de 1972, comme l’a affirmé la Guinée Équatoriale, mais trouve son origine dans les divergences entre les puissances coloniales européennes. Il a plaidé pour que la CIJ tranche la question de la validité juridique de la Convention de Bata, soulignant qu’elle reconnaît explicitement la souveraineté gabonaise sur les îles disputées et délimite les frontières maritimes dans la baie de Corisco.

Un enjeu crucial pour la souveraineté gabonaise

Selon Rossatanga-Rignault, l’enjeu de ce litige dépasse les simples considérations territoriales. Il a conclu en déclarant que « nos frères de Guinée Équatoriale savent que nous savons qu’ils savent qu’un jour de septembre 1974, une Convention a bel et bien été signée dans leur bonne ville de Bata ». Cette déclaration résume la position ferme du Gabon sur ce dossier, affirmant sa souveraineté sur les îles contestées.

Les audiences se poursuivront jusqu’à la fin de la semaine, avant que les juges de la CIJ ne délibèrent. Le verdict final est attendu pour 2025. Ce jugement pourrait avoir des répercussions majeures sur la répartition des ressources pétrolières dans le golfe de Guinée et sur la stabilité des relations entre le Gabon et la Guinée Équatoriale.

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