Le gouvernement guinéen a annoncé le mardi 29 octobre la suspension ou la dissolution de la moitié des partis politiques du pays, à l’issue d’une campagne de recensement et d’évaluation lancée en juin. Cette opération a été menée par le ministère de l’Administration du Territoire dans le but de « nettoyer l’espace politique », selon le ministre Ibrahim Kalil Condé. Sur les 174 formations recensées, aucune n’a été jugée entièrement conforme aux exigences administratives en vigueur.
D’après un rapport de 180 pages, une cinquantaine de partis ont été dissous en raison de graves irrégularités, telles qu’un agrément non valide, l’absence de compte bancaire, ou une direction jugée opaque. Une autre cinquantaine de formations ont été suspendues pour des problèmes similaires, mais disposent de trois mois pour se mettre en conformité.
Camara Touré Djénabou, coordinatrice de la réforme au ministère de l’Administration du Territoire, explique que des partis créés depuis les années 1990 ne remplissent toujours pas des critères de base. Certains agréments comportent même des signatures falsifiées de ministres. Environ 60 partis ont été mis « sous observation », ayant partiellement respecté les critères. Ces formations, parmi lesquelles figurent les grands partis guinéens comme le RPG, l’UFDG, et l’UFR, devront, d’ici trois mois, apporter des preuves de régularisation sous peine de suspension définitive.
Pour l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), cette évaluation n’a rien d’inquiétant. Selon Souleymane de Souza Konaté, responsable de la communication du parti, « cette démarche du Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD) est normale et légitime ». L’UFDG s’est ainsi prêtée à l’exercice, jugeant nécessaire ce contrôle de conformité.
Cependant, cette mesure est perçue par certains opposants au Comité National du Rassemblement et du Développement (CNRD) comme une stratégie pour écarter des figures politiques influentes, tels que les anciens candidats Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo, et Sidya Touré, actuellement en exil. Cette vague de suspensions intervient alors que la perspective d’une candidature du président de la transition, Mamadi Doumbouya, se fait de plus en plus plausible, suscitant des critiques quant à une possible mainmise du pouvoir en place sur l’espace politique national.