Dans un Gabon en mutation, où les ambitions de renouveau se heurtent parfois à des résistances inattendues, une affaire symbolique met en lumière les tensions persistantes entre intérêt public et aspirations personnelles. Au cœur de cette controverse : le général à la retraite et ancien ministre Idriss Ngari, opposé à un projet de construction d’un complexe scolaire à Jean Violas, Owendo.
L’initiative, portée par le ministère de l’Éducation nationale, vise à répondre à la crise des déserts scolaires dans le Grand Libreville. Le terrain, officiellement acquis par l’État, devait accueillir une école destinée à transformer le quotidien de nombreux jeunes Gabonais. Mais contre toute attente, ce projet rencontre un obstacle : la revendication du général Ngari, qui affirme être le propriétaire légitime du site.
L’ancien ministre justifie sa position en déclarant que ce terrain lui a été « offert » par feu le président Omar Bongo Ondimba. Une déclaration qui, faute de documents officiels pour la corroborer, suscite perplexité et indignation. Pourtant, le général persiste, érigeant des barrières de sable et bloquant les travaux de préparation.
Face à cette opposition, le ministère de l’Éducation, soutenu par la Société nationale immobilière (SNI), l’Agence nationale de l’urbanisme (ANUTTC) et la mairie d’Owendo, a initié une procédure légale pour faire valoir les droits de l’État. Cependant, les tentatives pour avancer sur le projet se heurtent à l’intransigeance du général, qui défend son terrain avec la détermination d’un souverain.
Des techniciens venus délimiter le site se sont retrouvés face à une scène quasi-surréaliste : des camions déversant du sable pour construire une barrière symbolique, empêchant le démarrage des travaux. Ce bras de fer, digne d’un thriller administratif, met en lumière un enjeu plus profond : le choc entre une vision collective et des intérêts individuels profondément enracinés.
Pour beaucoup, cette affaire ne se limite pas à une question de propriété. Elle illustre un problème récurrent dans la politique gabonaise : la difficulté à dissocier les ambitions personnelles des enjeux nationaux. Certains y voient une tentative du général de saboter discrètement les efforts du gouvernement de transition, dans un contexte où l’État cherche à reconstruire des institutions solides et à recentrer les priorités sur le bien-être collectif.
Au-delà des querelles administratives, c’est l’avenir des jeunes Gabonais qui est en jeu. Le complexe scolaire projeté représente une opportunité cruciale pour des milliers d’enfants, dans un pays où l’accès à une éducation de qualité reste un défi majeur.
Alors que le Gabon aspire à se réinventer, cette bataille pour un terrain met en lumière une question fondamentale : pourquoi certains continuent-ils de défendre des privilèges d’un autre temps, au détriment d’un avenir prometteur ?
Dans cette lutte, le sable symbolique déversé sur ce terrain semble être bien plus qu’un obstacle physique : il reflète les grains d’un passé révolu, que certains peinent encore à laisser derrière eux. Mais si le pays veut avancer, il devra s’assurer que les générations futures ne restent pas otages de ces batailles de pouvoir.
Le temps presse, car comme le rappelle un sage adage : « L’avenir appartient à ceux qui bâtissent. » Et ce sont ces constructions, qu’elles soient physiques ou institutionnelles, qui permettront aux enfants gabonais de réaliser leurs rêves.