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Le 22 juillet 2025 restera comme un moment charnière dans l’histoire politique du Gabon. Par le dépôt coordonné de deux plaintes, à Libreville et à Paris, les autorités gabonaises ont lancé une vaste contre-offensive judiciaire contre l’ancien président Ali Bongo Ondimba, son épouse Sylvia Bongo et leur fils Noureddin Bongo Valentin. Cette double initiative traduit la volonté affichée du président Brice Clotaire Oligui Nguema de tourner la page d’un système longtemps marqué par l’opacité et la prédation.

Une stratégie judiciaire méthodique

À Libreville, le parquet a ouvert une procédure pour haute trahison, détournement massif de fonds publics, corruption, et usage de faux, notamment autour de la falsification présumée de la signature présidentielle. À Paris, c’est le Parquet national financier (PNF) qui a été saisi d’une plainte visant le trio Bongo pour blanchiment aggravé, recel et biens mal acquis. L’objectif : démontrer en droit français l’existence d’un système structuré de détournement des ressources publiques gabonaises.

Cette offensive n’est pas improvisée. Elle repose sur une architecture juridique et diplomatique solide, pilotée en France par le cabinet Vivien & Associés et l’avocat Sébastien Mabile, tandis qu’au Gabon, Me Idriss Patience Moutombi, proche du palais présidentiel, supervise les démarches. Ces avocats sont épaulés par un réseau discret d’experts en renseignement financier, d’anciens diplomates et de stratèges.

Des éléments accablants

Les preuves rassemblées dans les deux dossiers sont décrites comme « accablantes » par des sources proches de l’enquête. Parmi les éléments transmis à la justice figurent des relevés bancaires, des transferts financiers suspects entre 2018 et 2023, des sociétés-écrans immatriculées à Dubaï, Genève et Londres, ainsi que des documents saisis par la Direction générale des recherches (DGR). En France, les biens présumés acquis illégalement par la famille Bongo font déjà l’objet d’un inventaire estimé à plus de 85 millions d’euros.

Une bataille judiciaire à haute portée politique

Au-delà des aspects strictement juridiques, cette action s’inscrit dans une démarche politique claire : celle d’un nouveau pouvoir qui veut rompre avec les pratiques de l’ancien régime. « La fin de l’impunité ne se décrète pas, elle se construit, preuve à l’appui, devant les tribunaux », a déclaré le président Oligui Nguema, déterminé à faire de cette opération un marqueur fort de son mandat.

L’enjeu est triple : rétablir la confiance des citoyens, rassurer les partenaires économiques et financiers internationaux, et asseoir la légitimité d’un pouvoir issu d’un coup d’État mais soucieux de rétablir l’État de droit.

Un duel de récits s’engage

Face à cette offensive, le clan Bongo ne compte pas rester passif. Des sources indiquent que des avocats internationaux ont été mandatés pour préparer une riposte sur le terrain judiciaire, mais aussi médiatique. Le combat qui s’annonce sera donc aussi celui de la communication, entre un pouvoir qui se veut réformateur et un ancien régime qui tentera de plaider la persécution politique.

La justice devient ainsi l’arbitre d’un duel historique entre deux visions du Gabon : celle d’un passé marqué par les dérives autoritaires et l’enrichissement personnel, et celle d’un avenir que le pouvoir actuel veut fonder sur la transparence et la responsabilité.

C.B

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