Affaire Bongo : le procureur général Eddy Minang défend l’indépendance de la justice gabonaise

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Lors d’une conférence de presse tenue récemment dans la capitale gabonaise, le procureur général près la Cour d’appel judiciaire de Libreville, Eddy Minang, a tenu à répondre aux interrogations croissantes entourant l’affaire judiciaire visant Sylvia Bongo Ondimba et son fils Noureddin Bongo Valentin. Dans un contexte marqué par une forte médiatisation et des critiques venues aussi bien de l’étranger que de l’opinion nationale, le magistrat a défendu la rigueur de la justice gabonaise et clarifié plusieurs points de procédure.

Interrogé sur les conditions de détention et le rôle controversé de certains acteurs du système judiciaire, Eddy Minang a rappelé que le ministère de la Justice avait réagi en ordonnant des enquêtes internes. « Le bâtonnier de l’ordre des avocats et le secrétaire permanent du Conseil supérieur de la magistrature ont ordonné l’ouverture d’une enquête administrative », a-t-il précisé, tout en affirmant qu’il ne pouvait se prononcer sur l’issue de cette procédure.

La libération provisoire de Sylvia Bongo et Noureddin Bongo Valentin, qui a suscité des réactions indignées au Gabon comme en France, a également été abordée. « Ma décision repose uniquement sur les articles 139 à 143 du Code de procédure pénale », a souligné le procureur. Il a évoqué un rapport médical indépendant attestant que l’état de santé des deux prévenus était incompatible avec une détention en milieu carcéral.

Refusant toute interprétation politique, Eddy Minang a fermement rejeté l’idée d’un quelconque arrangement entre Libreville et Paris. « Ce n’est pas une faveur politique, encore moins un arrangement. D’autres détenus bénéficient régulièrement de mesures similaires pour raisons médicales. »

À la question d’un éventuel refus des prévenus de se présenter devant la Cour criminelle prévue en novembre 2025, le procureur a été catégorique : « Toute personne mise en liberté provisoire est tenue de se constituer prisonnière à la veille du procès. En cas de refus, le procès aura lieu par contumace et un mandat d’arrêt international pourrait être émis. »

Sur l’éventualité d’une plainte contre la famille Bongo émanant de la société civile, il a rappelé que cela relève exclusivement de la compétence du procureur de la République.

Une coopération judiciaire encadrée
Quant à la coopération avec la justice française, Eddy Minang a précisé qu’elle est encadrée par la convention bilatérale de 1963, mais a rappelé que l’instruction était désormais close. Toute collaboration future dépendra donc de l’évolution du dossier après le procès.

L’indépendance de la justice comme ligne rouge
Face aux critiques et aux attaques virulentes contre les institutions gabonaises, parfois venues de l’étranger, le procureur a apporté une réponse juridique claire : « La justice ne peut se saisir d’office en matière de diffamation ou d’injure publique. Une plainte est indispensable. »

Il a aussi tenu à rappeler une vérité fondamentale du droit : « Tant qu’un procès n’a pas eu lieu, tout individu bénéficie de la présomption d’innocence. Seule une juridiction de jugement peut déclarer une personne coupable. »Dans un climat de tensions politiques et judiciaires, le message d’Eddy Minang se veut ferme mais apaisant : « Nous ne faisons pas de politique. Nous rendons la justice sur la base du droit et des faits. » Une déclaration visant à protéger l’institution judiciaire des pressions populaires et diplomatiques, tout en réaffirmant l’indépendance de ses magistrats face à une affaire hautement sensible.

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