Réforme judiciaire au Gabon : un stage militaire obligatoire pour les futurs magistrats

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Le 12 septembre 2025 restera une date symbolique pour la justice gabonaise. Sous la présidence du Chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, s’est tenue la première session du Conseil supérieur de la magistrature de la Vᵉ République, marquant une étape importante de l’année judiciaire 2024-2025. Cette rencontre a été l’occasion de réaffirmer les fondements de l’indépendance judiciaire et d’annoncer une mesure inédite, l’instauration d’un stage de formation militaire obligatoire pour les élèves de l’École nationale de la magistrature (ENM).

Dans son allocution, le Président de la Transition a insisté sur la nécessité pour la justice de garantir l’État de droit, de protéger les citoyens et de favoriser un environnement économique sûr. « Les magistrats ne doivent obéir qu’à la seule autorité de la loi », a-t-il rappelé, condamnant fermement « les grèves intempestives, les comportements déviants et les complaisances envers les fautifs ».

C’est dans cet esprit qu’il a instruit le ministre de la Justice d’introduire ce stage militaire obligatoire, appelé à être étendu à d’autres grandes écoles. L’objectif : inculquer discipline, sens du devoir et patriotisme aux futurs magistrats, afin de les rendre plus résistants aux pressions et aux influences extérieures.

Si cette décision est perçue par certains comme un pas vers une justice plus rigoureuse et crédible, elle soulève aussi des interrogations. L’introduction de la formation militaire dans le cursus des magistrats traduit une volonté de rapprocher l’institution judiciaire des valeurs de rigueur propres à l’armée. Mais certains analystes estiment qu’il faudra veiller à ce que ce rapprochement ne compromette pas l’indépendance du pouvoir judiciaire.

Cette initiative reflète néanmoins une tendance plus large du régime de Transition : replacer la discipline et le patriotisme au cœur de l’appareil étatique. L’idée est de bâtir une justice capable de résister aux influences politiques et financières, tout en demeurant au service du peuple.

Au-delà de cette mesure symbolique, le Chef de l’État a réaffirmé son engagement à moderniser les infrastructures judiciaires et à améliorer les conditions de travail des magistrats. Car, selon lui, la crédibilité de la justice repose autant sur l’intégrité de ses acteurs que sur les moyens matériels mis à leur disposition.

L’introduction du stage militaire à l’ENM illustre une approche novatrice de la réforme judiciaire au Gabon. Elle témoigne de la volonté du pouvoir de Transition de former une nouvelle génération de magistrats plus intègres, patriotes et résilients. Toutefois, le succès de cette réforme dépendra de sa mise en œuvre concrète et de la capacité des autorités à équilibrer discipline militaire et indépendance judiciaire.

Avec cette annonce, le Gabon franchit une étape décisive dans la refondation de son système judiciaire, dans un contexte où la confiance des citoyens en la justice reste un enjeu majeur de la transition démocratique.

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