Procès du système Noureddin : le Procureur Général compare Ian Ngoulou à Fouquet et les frères Oceni aux fils d’Éli

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La Cour spéciale a vécu ce matin l’un des réquisitoires les plus puissants et les plus structurés de cette session criminelle. Dans un exposé d’une rare intensité, le Procureur Général a décortiqué le fonctionnement du système de prédation mis en place autour de Noureddin Bongo Valentin, tout en livrant des comparaisons historiques et bibliques d’une force symbolique exceptionnelle.

Le message est clair : on ne juge pas seulement des individus, mais un véritable système criminel.

Un système à trois visages : Ngoulou, Ali Saliou et Oceni

Dès l’ouverture de son réquisitoire, le Procureur Général pose le décor :

« Il est des systèmes criminels qui reposent sur un cerveau.
Et d’autres sur des bras, des relais, des opérateurs.
Ce dossier appartient à la seconde catégorie. »

Selon le ministère public, Noureddin Bongo Valentin est l’inspirateur, l’ordonnateur, l’architecte.
Mais le système n’aurait jamais fonctionné sans trois exécutants essentiels :

  • Ian Ghislain Ngoulou : le bras opérationnel, gestionnaire des flux et convoyeur attitré.

  • Mohamed Ali Saliou : bénéficiaire direct et acteur de la captation de fonds publics.

  • Abdul Oceni Ossa : prête-nom, relais périphérique et intermédiaire financier.

Trois hommes, trois rôles, une seule finalité : piller l’État et enrichir le clan.

Ian Ngoulou, « Fouquet moderne du Gabon »

Le moment le plus marquant du réquisitoire intervient lorsque le Procureur Général compare directement Ian Ngoulou à Nicolas Fouquet, célèbre surintendant des finances de Louis XIV, figure historique de la démesure, de l’abus de pouvoir et de l’enrichissement illicite.

« Ian Ghislain Ngoulou est le Fouquet moderne du Gabon. »

Une comparaison lourde de sens.
Comme Fouquet :

  1. Il contrôlait les richesses du prince sans porter la couronne.
    Ngoulou avait les clés du système financier caché de Noureddin.

  2. Il vivait dans l’illusion d’être indispensable.
    Une fidélité totale transformée en sentiment d’impunité.

  3. Il avait construit son propre royaume.
    Circuits parallèles, valises d’argent, flux clandestins : son « Vaux-le-Vicomte » financier.

  4. Il se croyait intouchable grâce à sa proximité avec le prince.

  5. Il a oublié que la justice n’a pas d’amis.

Le Procureur va plus loin :
Ngoulou n’était pas un simple exécutant.
Il était le moteur opérationnel, « la main qui prend, qui transporte, qui remet », celle qui ouvrait toutes les portes du système.

L’information judiciaire détaille :

  • accès aux fonds spéciaux,

  • retraits massifs non justifiés,

  • valises d’argent liquide,

  • acquisitions immobilières multiples,

  • 27 villas dans une seule cité,

  • train de vie incompatible avec ses revenus.

Un enrichissement « fulgurant », indice d’un rôle central dans le système.

Le second axe marquant du réquisitoire est la comparaison biblique.
Le Procureur Général convoque l’histoire des fils d’Éli, Hophni et Phinéas, prêtres corrompus décrits comme :

« des hommes pervers » (1 Samuel 2 : 12)

Ces fils d’un homme de foi utilisaient une fourche à trois dents pour piller les offrandes sacrées.
Un sacrilège qui attire la condamnation divine.

Le Procureur établit un parallèle direct avec Mohamed Ali Saliou et Abdul Oceni Ossa :

« Ce que les fils d’Éli faisaient avec leur fourche de fer,
les frères Oceni l’ont fait avec leur nom, leur proximité avec Noureddin, leur arrogance.
Ils ont été des fourches humaines. »

Dans les établissements nocturnes, ils intimidaient.
Dans les jeux de poker, ils exigeaient.
Dans la vie courante, ils s’emparaient de terrains et titres fonciers, notamment à la SNI et à la liquidation BGD.

Partout, un même geste :
piller sans droit, sans honte, sans retenue.

Le Procureur cite la Bible et le Coran :

« Malheur aux fraudeurs » (Sourate 83, verset 1)
« Ne dévorez pas injustement les biens les uns des autres » (Sourate 2, verset 188)

La parabole est implacable :
comme les fils d’Éli, les frères Oceni auraient trahi l’héritage moral de leur père, homme de foi respecté.

Le Procureur Général insiste :

« Sans Ian Ngoulou, le système aurait été plus lent, plus risqué, plus visible.
Avec lui, tout devenait fluide. »

Et plus loin :

« Ce n’est pas un homme que nous jugeons.
C’est une dérive, une mécanique de prédation. »

La tonalité est sans ambiguïté :
le procès dépasse les personnes.
Il vise à mettre en lumière une corruption systémique, structurée, assumée.

Le Procureur termine son réquisitoire par une formule solennelle :

« Ce réquisitoire est un acte de salubrité publique.
La République reprend ce qu’on lui a volé. »

En quelques heures, le ministère public aura donné à cette audience une portée historique, transformant un procès pénal en un examen profond du dévoiement de l’État.


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