Alors que le conclave pour désigner le successeur du pape François s’ouvrira entre le 5 et le 10 mai, les tensions se cristallisent autour de l’héritage d’un pontificat marqué par un engagement fort en faveur des plus vulnérables, de l’accueil des migrants et d’un certain progressisme au sein de l’Église. Une ligne incompatible avec les aspirations de l’administration américaine actuelle, qui rêve d’un pape plus conservateur, aligné sur les idéaux de la mouvance trumpiste.
Le pape François, tout au long de son pontificat, s’est opposé fermement aux nationalismes et à la fermeture des frontières, n’hésitant pas à critiquer Donald Trump dès 2016. Il s’est également dressé contre les leaders populistes comme le Brésilien Jair Bolsonaro ou son compatriote argentin Javier Milei. Dans un monde divisé, il a promu un catholicisme ouvert, solidaire et multiculturel.
Mais à la veille de sa disparition, le Vatican devient un terrain de lutte d’influences. L’Amérique, bien que protestante dans sa majorité, reste le premier contributeur au denier de Saint-Pierre. Cette position financière dominante est perçue comme un levier potentiel de pression, en particulier sur les cardinaux des pays du Sud, dépendants de l’aide humanitaire.
L’auteur Nicolas Senèze, spécialiste du Vatican, révèle dans son enquête que les tentatives de déstabilisation du pape François remontent à la première présidence Trump. Des opérations de dénigrement, comme le « Red Hat Report », ont cherché à discréditer certains cardinaux influents. La stratégie vise aujourd’hui non pas forcément à imposer un pape trumpiste, mais à barrer la route à tout successeur capable de poursuivre les réformes de François.
Face à cela, le conclave s’annonce comme une épreuve décisive pour l’avenir de l’Église. Entre les tentatives d’instrumentalisation politique et la résistance d’un catholicisme de plus en plus globalisé et divers, l’enjeu dépasse la seule élection d’un homme : il s’agit de choisir la voie que prendra l’Église catholique dans les décennies à venir.