L’hôtel particulier Pozzo di Borgo, propriété de l’État gabonais et situé dans le prestigieux 7ᵉ arrondissement de Paris, est à nouveau au cœur des convoitises. Valorisée à 200 millions d’euros (131,2 milliards de FCFA), cette résidence historique, autrefois occupée par le célèbre styliste Karl Lagerfeld, suscite l’intérêt de grandes figures de la finance et du luxe, dont Bernard Arnault, PDG du groupe LVMH.
Après un retrait des négociations en août 2024, Bernard Arnault revient en lice pour acquérir ce joyau architectural. Selon les révélations du Glitz Paris, un média spécialisé dans le luxe, le groupe LVMH a envoyé un émissaire à Libreville pour ouvrir des discussions directes avec les autorités gabonaises. Pour le groupe de luxe, cette acquisition s’inscrit dans une stratégie d’expansion immobilière haut de gamme dans la capitale française.
Cependant, Bernard Arnault n’est pas le seul intéressé. Des concurrents de poids, comme Xavier Niel, fondateur de Free, et Hamad bin Jassem Jabr al-Thani, ancien Premier ministre du Qatar, restent également dans la course. Tous deux auraient manifesté leur intérêt avant même le changement de régime au Gabon en août 2023.
La vente de l’hôtel Pozzo di Borgo est une opération délicate. Des créanciers internationaux cherchent depuis plusieurs années à saisir le bien pour couvrir des dettes impayées par l’État gabonais. À cela s’ajoutent des entreprises ayant placé des nantissements sur le bâtiment, compliquant encore davantage le processus de cession.
Pour Libreville, cette transaction représente bien plus qu’un simple gain financier. Sous la direction du président de la transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, une taskforce économique menée par François-Auguste Akomezogho, ancien directeur des Impôts, s’est engagée à optimiser la vente de cet actif stratégique. Les 200 millions d’euros attendus devraient contribuer significativement à la réduction de la dette publique gabonaise.
L’acquisition de l’hôtel Pozzo di Borgo dépasse le cadre d’une transaction immobilière classique. Pour le Gabon, il s’agit d’une démonstration de sa volonté de tourner la page d’une gestion controversée des biens publics sous l’ancien régime d’Ali Bongo. À Paris, la vente pourrait également redéfinir les relations économiques et diplomatiques entre la France et le Gabon, alors que ce dernier cherche à renforcer sa souveraineté économique.
Alors que Bernard Arnault semble en pole position, le choix final des autorités gabonaises dépendra non seulement des garanties financières proposées mais aussi des solutions juridiques avancées pour résoudre les litiges en cours. L’issue de cette vente pourrait non seulement changer le visage du quartier où se situe ce prestigieux bâtiment, mais également constituer un tournant pour les ambitions économiques du Gabon en période de transition.
Ainsi, l’hôtel Pozzo di Borgo reste, pour l’instant, à la croisée des chemins entre le luxe parisien et les enjeux de redressement économique de Libreville.
