Le militant panafricaniste Kemi Seba a annoncé, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, le report sine die de sa visite prévue au Gabon du 16 au 22 juin 2025. Craignant une arrestation à son arrivée et des représailles à l’encontre de ses soutiens locaux, le président de l’ONG Urgences Panafricanistes a préféré surseoir à son déplacement.
« Je veux que les autorités gabonaises le sachent : nous viendrons tôt ou tard à Libreville, parce que la libre circulation africaine doit être un droit », a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée sur YouTube. Ce report intervient dans un contexte marqué par des tensions politiques persistantes au sein du pouvoir gabonais, où certains de ses soutiens, promus après la transition post-Ali Bongo, seraient aujourd’hui sous pression.
Kemi Seba avait pour ambition de séjourner à Libreville afin de « propager le message du panafricanisme », et de sensibiliser la population gabonaise aux « accords coloniaux », à la question du franc CFA, ainsi qu’à d’autres problématiques liées à la souveraineté africaine. Il devait être accueilli par deux personnalités influentes : le professeur Grégoire Biyoghe, son ancien maître de philosophie, et Privat Ngomo, figure du panafricanisme gabonais et leader politique proche du nouveau pouvoir.
« Je sais que le professeur Grégoire Biyoghe et Privat Ngomo sont sous pression. Nous laissons la pression retomber et nous viendrons », a assuré Kemi Seba, avant d’ajouter qu’il s’adressera aux Gabonais « lorsque les esprits seront un peu décrispés ».
Le militant franco-béninois souhaitait aborder avec ses interlocuteurs gabonais des thématiques phares de son combat : lutte contre le néocolonialisme, fin du FCFA, démantèlement de la Françafrique, promotion de la justice sociale et de l’autodétermination.
Ce n’est pas la première fois que Kemi Seba se heurte à une hostilité officielle au Gabon. Sous le régime d’Ali Bongo, il avait été refoulé à deux reprises à l’aéroport de Libreville, sa présence étant jugée indésirable. Le Gabon, ancienne colonie française, reste en effet l’un des pays historiquement liés à la sphère d’influence de la France en Afrique, un fait que l’activiste n’a cessé de dénoncer.
Si la visite est repoussée, Kemi Seba n’entend pas y renoncer. Il affirme son intention de venir « au bon moment » pour continuer son combat en faveur d’une Afrique décolonisée, souveraine et unie.